Salut les Qnautes
Je navigue sur toutes sortes de plates-formes photos et j'y vois toutes sortes de choses.
Une chose entre autres, je remarque beaucoup de photographes débutants qui peinent un peu à contrôler
leurs paramètres d'exposition et qui se font piéger par les réflexions de la neige en hiver ou des contre-jours.
Ils se retrouvent donc avec des images sous exposées!
Naturellement il ne s'agit pas de juger personne, on a tous été débutants, sauf qu'il flotte depuis l'avènement
du numérique une certaine croyance qui consiste à ne pas trop s'en faire, car on peut tout "remonter ça"
en post traitement
Vrai en principe mais pas si on veut prioriser la qualité de l'image!
La montée du bruit et de la postérisation dans la ou les zones retouchées peuvent être des conséquences,
mais jusqu'Ã quel point
Les plus expérimentés connaissent bien sûr une bonne technique d'exposition pour optimiser l'acquisition d'informations lumineuses soit, "Expose To The Right".
Mais exposer à droite ça rime à quoi?
Si je surexpose pour amener mon histogramme au seuil max de la plage dynamique, ça minimise le bruit oui, mais encore une fois, jusqu'à quel point
Et les iso invariants dans tout cela
http://www.quebec-numerique.com/forum/viewtopic.php?f=4&t=75632
Et si j'ai "l'espace" paramètre pour pousser par ex de 1 cran afin d'exposer ETTR, je pourrais aussi conserver mes
paramètres et utiliser un iso 1 cran plus bas et exposer juste
Est-ce que ça va donner la même chose?
Parce qu'exposer à droite c'est bien beau mais si je dois livrer ou acheminer des photos rapidement sans avoir le temps de faire du traitement Exit l'ETTR, les photos doivent être ok dès la prise de vue
Quelques questions intéressantes à éclaircir je crois, regardons cela ensemble
Pour débuter, expliquons un peu ce qu'est un RAW (Négatif numérique) et ce qu'il implique en matière d'exposition,
car je lis beaucoup de choses sur le rendu d'un Raw en lien avec la façon de l'exposer.
"Un fichier numérique brut (RAW) est par définition un enregistrement des données brutes saisies par le capteur de l’appareil et accompagné de métadonnées générées par le boîtier.
Il y a de fortes chances que vous n’ayez jamais affiché un véritable fichier brut.
S’il contient des informations de couleurs, il ne s’agit pas pour autant d’une image couleur – pour obtenir des couleurs, il faut d’abord « développer » l’image.
Les métadonnées fournissent des informations sur la prise de vue relatives à l’exposition, la balance des blancs et la
sensibilité ISO.
Un fichier brut contient des informations de couleurs mais aucune indication pouvant être interprétée par les êtres humains comme de la couleur.
Un fichier RAW non traité aurait sinon un rendu peu présentable, excessivement sombre et terne".
《Le négatif numérique par:Jeff Schewe》
"Tant que les informations brutes de l’appareil n’ont pas été soumises à une délinéarisation (par l’application d’une
courbe de transfert qui adapte les niveaux de luminosité des pixels à ceux aperçus par l’oeil humain), ils restent
inexploitables."
《Développer ses fichiers raw par:Volker Gilbert》
Voici un exemple d'un raw qui a subi un développement linéaire vs la même image développée normalement;
《Le négatif numérique par:Jeff Schewe》
Voyons ici un autre exemple mais remarquez l'histogramme du fichier RAW "linéaire" vs celui "normal" qui, ma foi, me semble déjà plutôt "flat" en matière de contraste.
"Cette image brute est typique d’une image « linéaire » : exagérément sombre, son histogramme
est très décalé vers la gauche.
Le fichier ne dispose que d’un faible nombre de pixels clairs."
《Développer ses fichiers raw par:Volker Gilbert》
"Nous avons donc appliqué une courbe de transfert à l’image pour redistribuer les pixels sur toute l’étendue
de la gamme tonale (le gamma de l’image, de 1,0 au départ, est porté à 2,2).
Dans Photoshop, nous avons attribué (Édition>Attribuer un profil) le profil « EOS-D30-True Color Linear ».
L’image retrouve une luminosité et des couleurs correctes."
《Développer ses fichiers raw par:Volker Gilbert》
Avec les exemples ci-haut de traitements linéaires (ce qui serait une interprétation logicielle d'un rendu brut du RAW sans traitement standard), on constate qu'on est loin d'un traitement standard en terme de rendu comme
au niveau de l'histogramme peu importe le profil de développement
La ressemblance entre un rendu au gamma de 1.0 et de 2.2 sera toujours très relatif disons!
Alors avec toutes les données essentielles d'iso, de luminosité, de contraste, de couleurs et saturation qui, au sein du fichier, ne sont que des métadonnées, ainsi que des donnés graphiques (sans couleurs) en gamma 1.0, on comprend qu'en l'absence de dématricage le statut du Raw se limite à être un fichier de donnés.
La capture linéaire
"La plus grande différence entre la photographie argentique et numérique est leur réponse à la lumière.
Un film photographique imite la perception de l’oeil, le capteur numérique n’y parvient pas.
Les capteurs numériques présentent, eux, un mode de fonctionnement linéaire : ils recueillent et additionnent les photons sans appliquer la moindre compensation.
Le niveau du pixel est en effet proportionnel à l’illumination reçue ; il y a ainsi un très grand nombre d’informations
dans les hautes lumières et très peu dans les basses lumières."[i]
[I]《Développer ses fichiers raw par:Volker Gilbert》
Retenons que l'intensité de la lumière enregistrée par le capteur est proportionnelle à la quantité de photons
qui touchent sa surface et que le terme "l’illumination reçue" exclut de fait la notion d'iso.
En clair, si les ombres contiennent moins de photons (signal) que dans les hautes lumières ça devient simple de comprendre que si on augmente les iso (amplification du signal par le processeur) ou bien si on augmente la luminosité au traitement (amplification logicielle), les zones moins lumineuses vont afficher plus de bruit car elles contiennent moins de "matière" à amplifier !
Ça explique bien le principe de l'exposition ETTR qui du fait d'enregistrer globalement plus de lumière (photons) il y aura plus de signal (matière) notamment dans les zones plus sombres ce qui aide à minimiser le bruit dans ces zones!
Pour mieux comprendre, voici un histogramme avec en-dessous la répartition des valeurs d'un fichier en 12 bits.
Voici un montage que j'ai réalisé et qui montre bien le rendu d'une exposition "normale" à 3200 iso,
une deuxième également à 3200 iso mais en ETTR (+1cran).
La troisième a été prise à 1600 iso!
On voit bien le bruit plus grossier à 3200 iso par rapport à un 3200 iso exposé en ETTR(+1 cran).
On voit bien aussi que l'exposition ETTR a fourni un rendu identique à celui à 1600 iso!
Les images confirment que si je peux exposer plus pour exposer ETTR, je pourrais aussi exposer plus en baissant
les iso dans les mêmes proportions et ainsi obtenir le même résultat !!!
Mais heuuuu.... comment ça
Exposer à droite
"Thomas Knoll suggérait de surexposer les images de manière contrôlée pour peu que la plage de contraste de la scène soit inférieure à la plage dynamique du capteur".
À l'évidence, si les crêtes de l'histogramme de la scène viennent s'appuyer sur les seuils, il n'y a pas de place pour exposer à droite sans devoir brûler les hautes lumières!
Il ne s’agit donc pas de surexposer les images de manière arbitraire.
Ce n’est pas une surexposition, mais plutôt une exposition censer optimiser le rapport signal/bruit du capteur
et la qualité des images.
L’exposition à droite est-elle vraiment efficace ?
J’en suis totalement convaincu."
《Le négatif numérique par:Jeff Schewe》
On constate ici l'utilité d'un préréglage neutre qui, avec son contraste atténué, réduit la dynamique de la scène et
ainsi laisse de la place pour exposer à droite, l'histogramme affichant plus les valeurs vers le centre.
Naturellement, on pourra rétablir un contraste plus naturel au traitement tout en conservant du potentiel de retouche
dans les zones d'ombres.
Et maintenant, pourquoi un iso plus bas donne-t-il un rendu équivalant à une exposition ETTR?
Les iso;
"Comme un film argentique, un capteur numérique ne possède qu’une sensibilité de base, généralement la plus basse proposée par l’appareil. (sans considérer les modes "étendu").
Le fait d’augmenter (de « pousser ») cette sensibilité ne fait qu’amplifier le rapport signal/bruit de l’appareil.
Malgré les prouesses techniques réalisées sur les derniers appareils et logiciels, la performance optimale du capteur
n’est atteinte qu’à la sensibilité nominale de celui-ci."
《Développer ses fichiers raw par:Volker Gilbert》
Si vous avez consulté "Les iso invariants" ce dernier paragraphe confirme que la véritable et unique sensibilité du capteur est à l'iso nominal (minimal) de l'appareil et que l'augmentation des iso n'est pas une plus grande sensibilité du capteur à la lumière.
Ce qui vient dire que "l'illumination reçue" n'est qu'une affaire de vitesse d'obturation et d'ouverture de diaphragme
et que les iso ne deviennent qu'un facteur d'équivalence.
Donc, en concret, une exposition de 1600 iso, F1.4 au 1/250e donnera une illumination X sur le capteur,
une autre exposition (de la même scène) à 3200 iso F1.4 mais que, au lieu de sélectionner 1/500e comme il serait habituel de faire on sélectionne plutôt 1/250e pour exposer ETTR, ça donnera au final la même
illumination X sur le capteur! (les mêmes paramètres pour la même lumière naturellement).
C'est juste qu'en ayant sélectionné 3200 iso, on dira au processeur d'amplifier plus qu'à 1600, mais qu'il faudra
en ETTR ramener l'exposition proportionnellement au traitement.
Comme expliqué içi, l'important est la somme de photons que le capteur reçoit et non l'amplification iso.
"Chaque élément photosensible du capteur enregistre des informations de luminance et génère ensuite une charge électrique proportionnelle à la quantité de lumière reçue."
《Le négatif numérique par:Jeff Schewe》
Maintenant que l'on comprend que les 2 techniques de prise de vue offrent le même rendu niveau bruit,
qu'en est-il si on remonte les ombres en post traitement
En effet, cet aspect du traitement est majeur car il est fréquent de vouloir éclaircir un peu plus les ombres, question
de leur donner un peu plus de texture et de donner un peu plus l'aspect de la vision humaine.
On le constate assez clairement, relever les ombres provoque une montée du bruit.
Ici, plus évident à 3200 iso mais le phénomène se produit aussi à bas iso de façon proportionnelle.
Sur la deuxième, on constate encore les bienfaits de l'exposition ETTR car on constate que la montée du bruit à 3200 iso demeure équivalente à une augmentation des ombres à 1600 iso
La linéarité des fichiers Raw fait que si on augmente les ombres de 1 cran à 3200 iso, on se retrouve avec le
bruit de 6400 iso.
Donc, si on le fait aussi à 100 iso, ce sera le bruit de 200 iso
On s'entend que le bruit avec les appareils récents dans les bas iso comme 200, c'est pas l’hécatombe non plus
Pour conclure, l'exposition ETTR fait ses preuves mais il faut l'aborder de façon rationnelle!
"...... uniquement si vous n’êtes pas lié à l’utilisation d’un paramètre d’exposition précis.
Il est peu utile en effet d’ouvrir le diaphragme de l’objectif quand vous cherchez une certaine profondeur
de champ pour obtenir une image nette.
De même, il ne sert à rien de choisir une vitesse d’obturation lente si vous risquez d’obtenir une image floue.
L’exposition à droite n’est valable que lorsqu'il est possible d’augmenter l’exposition (pour saisir plus de photons)
sans compromettre d’autres paramètres de l’image.
Il ne s’agit donc pas de surexposer les images de manière arbitraire.
Thomas Knoll et Michael Reichmann conseillaient plutôt de tirer parti, d’une part, de votre connaissance de la plage dynamique de votre capteur et, d’autre part, de votre évaluation de la plage de contraste du sujet pour ajuster l’exposition de votre appareil de manière intelligente."
《Le négatif numérique par:Jeff Schewe》
Et si on fait du Raw+Jpeg de façon à devoir livrer rapidement des Jpeg au client, il faudra adapter son work flow
de prise de vue pour systématiquement exposer avec les iso le plus bas possible, ce qui, on l'a vu, correspond
en terme de rendu à l'exposition ETTR!
L'air de rien, ça demande de l'attention pour constamment contrôler ses paramètres en fonction des iso.
En ce sens, l'utilisation des iso automatiques bien paramétrés avec les vitesses seuils sera très utile, pour toujours
obtenir le plus bas iso !
Sans l'option des vitesses seuils autos, il y a toujours moyen de travailler en manuel de façon à régler ses paramètres
essentiels et se fier aux iso automatiques pour réagir à la lumière disponible selon les paramètres de PDV
On peut aussi ultimement tout mettre en manuel et ainsi régler l'ouverture de façon serrée pour avoir juste la
bonne profondeur de champ.
Régler la vitesse la plus basse possible selon le sujet et selon la stabilité du photographe.
Et finalement, vérifier si l'état de l'exposition permet de baisser les iso ou bien choisir d'exposer ETTR!
Au final, même si on opte pour l'ETTR, il faut tout de même demeurer attentif à ses paramètres car ça demeure inutile de faire du ETTR en haut iso si vous avez la possibilité d'ajuster plus précisément vos paramètres et du coup de baisser de façon significative les iso !